2ème conférence Fribourg 2014
Deuxième Conférence de l’Association Internationale de Recherche en Didactique de l’Histoire et des Sciences Sociales – AIRDHSS
Université de Fribourg, Suisse
11 – 13 septembre 2014
GUERRES ET PAIX: ENJEUX EDUCATIFS
« Les gaz mortels et la Grosse Bertha étaient peut-être les fruits empoisonnés des sciences vérifiables, mais la pulsion qui nous avait amenés à les mettre en action venait, elle, de ces histoires que nous nous racontions. N’était-il pas temps que nous tentions de mieux comprendre leur puissance, d’étudier comment les histoires et les récits historiques sont bâtis et ce qui, en eux, porte les peuples à vivre ensemble ou, au contraire, à s’estropier et à se massacrer? »
Jérôme Bruner, 1996.
Nous savons que guerres et conflits ont toujours occupé une place importante dans l’enseignement de l’histoire, de la géographie humaine et des sciences sociales. De «l’histoire‐bataille», objet central des programmes événementiels classiques aux finalités identitaires des programmes consacrant un retour aux hauts faits ou aux grandes dates qui ont façonné l’histoire de la nation, l’histoire des guerres fonctionne à l’émotion des élèves. Non seulement par la dimension tragique des conflits dans le passé mais aussi pour les connexions qui logiquement peuvent surgir des questions vives qu’ils posent dans l’actualité, en perspective d’histoire immédiate.
L’enseignement de l’histoire des guerres a beaucoup évolué depuis le XIXème siècle : d’abord étroitement lié au nationalisme et au militarisme qui lui est inévitablement associé, il a très souvent perdu, après la Deuxième Guerre mondiale, un tel caractère identitaire. Ses récits ethnocentrés ont cédé à un discours moins engagé, pluriel. Dans le cadre de cette évolution au demeurant inégale, se‐ lon les régions du monde, on assiste donc à l’essor d’un enseignement ou d’une éducation à la paix plus historienne, en synergie avec les apports de l’éducation à la citoyenneté ou l’expertise de la psychologie sociale.
Un enjeu éducatif triple
L’idée est d’examiner les manières d’aborder une telle problématique sous l’angle des politiques scolaires, des ressources et des pratiques usuelles d’enseignement, avec une attention particulière portée aux recherches empiriques et à l’impact de littéracies mettant en scène un type renouvelé de récits. La problématique s’articule ainsi en fonction de trois axes : politique, historiographique, médiatique. Ils sont définis de manière à examiner selon trois perspectives clés les ressources de la production scolaire et parascolaire, autant que les formes, les techniques et les méthodes de l’enseignement des sciences sociales, autour du thème de la Conférence : les discours sur la guerre et les conflits. Il s’agit de les cerner dans leur manière de pénétrer la sphère didactique. Les communications peuvent évidemment proposer des croisements entre les axes dont les frontières ne doivent pas être considérées comme hermétiques.
Axe 1: politique. Comment un passé traumatique telle une guerre, quelque soit sa forme, peut être soit oublié, éventuellement réduit à une date dans un manuel, soit mobilisé dans un processus mémoriel (par exemple en revendication d’un devoir de mémoire issu d’un groupe politique, social, culturel… par tout procédé commémoratif officiel), soit, au contraire, traité en fonction d’une heuristique historienne adaptée à l’école? Quelle est la logique mémorielle en usage dans de tels cas de figure et quel peut être l’impact d’un tel mode de pensée, spontané ou historien, sur les modalités d’enseignement et les représentations des élèves? À quelle posture les enseignants d’histoire ou de sciences sociales se rallient‐ils dans l’enseignement de tels thèmes, propices à l’attitude citoyenne, à l’orientation scientifique autant qu’à d’éventuels nouveaux militantismes?
Axe 2: historiographique. Quelle influence exerce la recherche historique sur les dispositifs d’histoire enseignée, par les conclusions auxquelles elle parvient dans son analyse des guerres et des conflits? À quels aspects l’école est‐elle sensible, selon les cas : biographiques, politiques, militaires, économiques, sociaux, culturels, techniques…? Est‐ce qu’un point de vue national prévaut encore ou toujours, ici ou là? Au contraire, offre‐t‐on aux élèves une approche plurielle et, le cas échéant, dans quelles conditions, pour quels résultats? Où se situe les limites de telles approches, par exemple dans des classes multiculturelles? Le recours à une historiographie disciplinaire ou scientifique peut‐il aider à une meilleure gestion de telles situations?
Axe 3: médiatique. Les médias jouent désormais un rôle crucial, voire déterminant, dans l’élaboration des représentation sociales, le façonnage des regards portés sur le champ vif de la guerre, des conflits et des processus de pacification. Y aurait‐il des enseignements significatifs de la fonction croissante que remplissent les nouveaux moyens de diffusion de l’information? Comment les références hybrides, relevant des nouveaux médias électroniques autant que des sources traditionnelles, sont‐elles explorées et utilisées? Les étudiants et les enseignants s’attendent‐ils à ce que la lecture de telles références réclame non simplement une compréhension spécifique, mais aussi une intelligence de leurs formes, de leur utilisation et de leur fonction dans la construction des connaissances? Comment les enseignants s’y prennent‐ils dans le recours à un savoir critique, avec une didactique de déconstruction‐reconstrution de représentations sociales confrontées à l’influence des médias, dans le champ thématique de la Conférence?
Pierre-Philippe Bugnard, Président de la Conférence (Université de Fribourg, Suisse)
Direction de l’AIRDHSS
Félix Bouvier (Université du Québec à Trois-Rivières), Pierre-Philippe Bugnard (Université de Fribourg), Luigi Cajani (Sapienza Università di Roma), Théodora Cavvoura (University of Athens), Nadine Fink (Haute Ecole Pédagogique Vaud), Mostafa Hassni-Idrissi (Université de Rabat), Maria do Céu de Melo (Universidade do Minho).
Comité d’organisation
Pierre-Philippe Bugnard, président (Université de Fribourg), Luigi Cajani (Sapienza Università di Roma), Bernadette Charlier (Université de Fribourg), Pierre-François Coen (Haute Ecole Pédagogique de Fribourg), Nadine Fink (Haute Ecole Pédagogique Vaud), Maud Foerster (Université de Fribourg), Prisca Lehmann (Gymnase d’Yverdon), Anne Philipona (EPAC Bulle), Johan Wassermann (University of KwaZulu-Natal).
Comité scientifique
François Audigier (Université de Genève), Félix Bouvier (Université du Québec à Trois-Rivières), Pierre-Philippe Bugnard (Université de Fribourg), Luigi Cajani (Sapienza Università di Roma), Théodora Cavvoura (Université d’Athènes), Bernadette Charlier (Université de Fribourg), Pierre-François Coen (Haute Ecole Pédagogique de Fribourg), Nadine Fink (Haute Ecole Pédagogique Vaud), Markus Furrer (Pädagogische Hochschule Zentralschweiz Luzern et Université de Fribourg), Peter Gautschi (Pädagogische Hochschule Zentralschweiz Luzern), Neus González (Universitat Autònoma de Barcelona), Mostafa Hassani Idrissi (Université Mohammed V), Philippe Hertig (Haute Ecole Pédagogique Vaud), Estevão de Rezende Martins (Universidade de Brasilia), Maria do Céu de Melo (Universidade do Minho), Béatrice Rogéré Pignolet (Université de Fribourg et Haute Ecole Pédagogique du Valais), Joaquim Prats (Universidad de Barcelona), Anne Sgard (Université de Genève), Nicole Tutiaux-Guillon (Université de Lille), Pierre Varcher (Université de Genève), Johan Wassermann (University of KwaZulu-Natal), Beatrice Ziegler (Pädagogische Hochschule Nordwestschweiz).
Les revues
Studi sulla Formazione
et
Didactica Historica
ont publié un dossier avec plusieurs articles issus de la 2ème Conférence de l’AIRDHSS à Fribourg en septembre 2014.